L'envol

 A quel moment commence le voyage ?

Partir dans les Terres australes ne se résume pas à un simple déplacement entre deux points. Ce serait trop simple. Ces lieux, à la croisée des océans Indien et Antarctique, veulent se mériter. Alors voyons un peu, par le détail comment se déroule ce périple.

Tout commence un lundi matin, premier jour d'une nouvelle vie et sans doute d'une incroyable aventure. Nous sommes le 18 juillet 2022.

La première étape est parisienne. Déjà les premiers obstacles fleurissent. Connus mais toujours un tantinet agaçants, les transports ferroviaires et parisiens, et leurs aléas, me conduisent dans la Capitale. Fort de cette expérience et lourdement chargé de mes sacs, tel le mulet dans la montagne (ou le dromadaire dans sa caravane, à vous de choisir), je décide, à raison, de rejoindre l'aéroport de Roissy CDG en taxi. Le chauffeur est bavard et sympathique. Il n'est pas parisien. La chaleur accablante qui règne à Paris me conforte dans mon choix lorsque je vois s'afficher, alors sur le boulevard périphérique, 44° sur le tableau de bord de la voiture. 

Me voici au seuil de la deuxième partie de mon voyage (voyage : mot qu'affectionne particulièrement ma maman). Est-ce ici qu'il commence vraiment ? Lieu de rencontres et porte ouverte sur l'évasion, c'est à l'aéroport que je tente d'identifier les personnes qui partiront avec moi à Amsterdam. Je serai bientôt fixé. L'avion qui nous emmène à La Réunion est plein à craquer. Je ne me fais pas prier pour conserver mon masque FFP2. Depuis mon départ je n'ai qu'une crainte, le COVID. Je ne voudrais pour rien au monde rester au bord du chemin. Visiblement je suis un des rares à m'en inquiéter. 

Me voilà donc parti pour près de 11 heures de vol. C'est au bout d'une nuit agréablement passée sur un siège confortable et moelleux, à peine perturbée par les quelques plaintes de jeunes bambins assis sur des tapis de fakir, que nous nous posons à Saint-Denis (interprétez cela comme vous le voulez. Indice : j'ai mis 2 jours à m'en remettre). La grande ville réunionnaise nous accueille avec une pluie tiède. Ici c'est l'hiver. La température a chuté à ... 21°. Accueilli par une personne de l'administration des TAAF, c'est en bus que nous rejoignons Saint-Pierre, le point de chute pour les deux semaines qui viennent.  

Je commence à toucher du doigt ce qui n'était qu'un rêve jusqu'à présent. Me voilà devant le siège des TAAF, prêt à être reçu par le Préfet, administrateur supérieur des TAAF, himself. Tout devient concret !

Le planning permet de se familiariser avec le fonctionnement des différentes directions et services. C'est avant tout l'occasion de rencontrer nos interlocuteurs. Tous, sans distinction, réservent un accueil chaleureux et le tutoiement est de rigueur au sein de cette petite communauté ; le caractère très particulier de la mission l'impose naturellement. 
La deuxième moitié du séjour nous voit confinés en septaine, dans nos chambres. Bien logés et bien nourris 😉, le temps passe vite car il y a beaucoup à lire et à préparer. Les domaines abordés sont particulièrement variés et beaucoup sont nouveaux pour moi (pêche en ZEE, réserve naturelle, espèces protégées, recherche scientifique, chantiers d'infrastructure, assermentation OPJ, etc.). 
Heureusement, la vue du balcon n'est pas désagréable, ce qui ne gâche rien.
Finalement, après trois curetages de fond de narine, le dernier test PCR rassure. Me voilà prêt pour l'ultime étape. Demain sera le jour de l'embarquement sur le mythique Marion Dufresne, à la Pointe-des-Galets du port de Saint-Denis. Après deux escales dans les archipels austraux, sur l'île de la Possession à Crozet, puis à Port-aux-français à Kerguelen, je devrais mettre pied à terre à la base de Martin-de-Viviès, sur ce confetti de la République qu'est l'île d'Amsterdam. L'arrivée y est prévue le 21 août prochain. Le périple en bateau promet d'être agité, l'hiver austral n'épargnant ni la mer, ni ceux qui la parcourent. 
Mais ceci est une autre histoire.




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